22 septembre 2019
18h30à20h00 Concert
Crédit photo : Marion Cousin
Planétarium // PT : 6,50 € ; TR : 3,50 €
Borja Flames au planétarium de Poitiers

Charivari flamboyant

Au Planétarium de Poitiers // PT : 6,50 € ; TR : 3,50 €

Line-up :

– Borja Flames : Voix / Guitare électrique / Kalimba / Clavier

– Marion Cousin : Voix / Clavier / Percussions

– Paul Loiseau : Percussions / Batterie électronique

– Rachel Langlais : Claviers / Voix

www.muraillesmusic.com/artiste…

Nous nous étions à peine relevés de Nacer Blanco, à peine remis de la tournée échevelée avec un passage au planétarium de Poitiers en octobre 2017, que Borja Flames ressort d’un bond de son drôle d’atelier, hirsute comme jamais, un nouveau monstre sur les bras.

Disque de fan hérétique apprenant des maitres qu’il faut toujours trahir les maîtres et trahissant alors, d’un seul doigt d’honneur, tous ses pères, frères et cousins (Arthur Russell, Robert Ashley, Robert Wyatt et toute la famille du Saule, autres experts en contrebande), Rojo Vivo est un opulent brasier d’influences fracassées, à la fois autiste et mélomane, délaissant en grande part les mécaniques simples et déglinguées et les choeurs idiots-savant qui faisaient tourner Nacer Blanco sur lui-même pour se jouer entièrement de ressassements délicieusement volontaires et de digressions abruptes, tout au long d’une espèce d’opéra mineur qui vous hypnotise dans un dédale d’escalators pour mieux vous balancer dans le vide, quand vous vous y attendiez le moins. 

Rojo Vivo est un album authentiquement cinglé, et doublement cinglé, en cela qu’il prône avec la même véhémence la méticulosité la plus extrême (rigueur rythmique, concentration des mélodies, ultra-précision architecturale) et le plus brusque lâcher prise (sauts intempestifs dans l’inconnu, dérèglements harmoniques, accès de violences chromatiques, comme si soudain d’épais tubes de peinture fauve giclaient partout sur la carte et sur les plans). Borja, de la voix suave qu’on lui connait, psalmodie en espagnol, dans une frénésie de percussions aberrantes et d’éjaculations synthétiques, fissurée de traits de guitares obliques comme des sautes d’humeur plus ou moins rêveuses – une étrangeté en soi.

À la fougue parfois un rien épileptique de son partenaire, Marion Cousin oppose une pente plus saturnienne, alanguissant de loin en loin d’abracadabrants riffs vocaux avec la fausse neutralité d’une horloge parlante ensorcelée, ou articulant des réponses bienvenues à des monologues qui n’en appelaient pourtant pas, ajoutant encore au trouble de l’ensemble, et à notre plaisir. Parce que oui, Rojo Vivo est une oeuvre de trouble et de plaisir, un grimoire numérique qu’on doit feuilleter à l’envers pour déchiffrer d’improbables chansons futuristes comme troussées par un Moondog technoïde, apprendre des danses absconses en même temps que certaines vérités neuves sur les soucoupes volantes, s’enivrer de mélopées dodelinantes arrachées à quelque continent noir de science-fiction, se fabriquer des idées folles à propos du folklore ordinateur.

Rojo Vivo paraît sur le label de Gaspar Claus, Les Disques du Festival Permanent, idéale auberge contemporaine pour les francs-tireurs qui comme Marc Melià, Sourdure ou Borja Flames, à la querelle sépia des anciens et des modernes préfèrent aujourd’hui guerroyer au nom d’une musique « vivante » avant tout.

Texte de sing sing

Un retour de Flames qui nous réjouit profondément et que nous avons plaisir à partager avec les publics amateurs d’émotions chaleureuses.

Posted by ptreguer